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21 septembre 2006 4 21 /09 /septembre /2006 14:28
Victoire à secrets
Fabienne Reybaud. Le Figaro. Photo : S. Soriano/Le Figaro

Sa frange, ses robes de princesse, ses bagues hypertrophiées... On croit tout connaître de Victoire de Castellane, la créatrice de la joaillerie Dior. Et pourtant, le mystère reste entier.

Au hasard des 85 000 pages trouvées après avoir « googuelisé » Victoire de Castellane, il en est une qui laisse pantois. Le site Bide et Musique fait état d'un 45-tours - Pas d'hélices aux avions - enregistré en 1987 chez Carrère par la créatrice de Dior Joaillerie. Habillée très Village People, la jeune femme règle son compte à un homme : « T'as beau frimer tout parfumé/Tu peux pas décoller/Pas d'hélices aux avions du coeur/Ahi yahi yahi ah... » Sous des dehors de pop légère entre Étienne Daho et Mylène Farmer, Castellane a quelque chose d'un torero : lorsqu'elle descend dans l'arène, elle ne se laisse pas faire. C'est donc cette femme-là que nous avons voulu rencontrer.

Quand on s'appelle Victoire, il y a sans doute des batailles à livrer. La première a consisté à réaliser l'interview dans son appartement parisien. Une épreuve. Trop intime, trop personnel pour cette femme extrêmement fine qui s'est construit une personnalité fantasque, à la fois féerique et bien réelle, une sorte de Victoire aux pays des merveilles répugnant à laisser passer autrui de l'autre côté de son miroir. Dans la vie montrée, il y a donc cette extravagance naturelle, cette propension débridée à raconter des histoires de bijoux où les colliers deviennent des fiancées du vampire, les bagues portent des crapauds d'or qui se transforment en princes charmants...

Une excentrique de caractère

Depuis 1999, Castellane dépoussière la joaillerie française en imposant un style fantasmagorique où l'énorme côtoie le minuscule, la pièce unique jouxte des modèles se vendant à des milliers d'exemplaires. Victoire de Castellane est aussi connue pour son humour, sa créativité et sa bonne humeur. Voilà pour l'image officielle. Car comme les gemmes multicolores qu'elle croque avec avidité gourmande dans ses collections de Dior Joaillerie, Victoire de Castellane a plusieurs facettes. Mais elle n'en montre qu'une. C'est son droit.

Ce jour-là, dans son appartement clair aux murs ornés de photographies contemporaines et de dessins d'enfants, Victoire était soucieuse, le photographe était en retard, et elle n'avait guère envie que l'on fouille dans ses placards. On songea alors que l'arrière-petite-nièce de Boni de Castellane tenait de son aïeul le goût de l'excentricité, certes, mais aussi un caractère bien trempé. À la voir tourner comme un lion en cage dans son salon à côté d'un crâne d'éléphant et d'une pile de livres d'art, il nous sembla que si elle n'avait pas été créatrice de bijoux, elle aurait été guerrière. Ou plus exactement amazone. De celles qui, au lieu de se couper un sein, auraient eu l'intelligence d'en faire une arme. « La féminité est une grande amie pour moi. Quand on est une fille, il ne faut pas en avoir honte. Plus on assume, plus on est forte. » Et à ce jeu-là, Victoire de Castellane, qui ne porte que des robes, excelle. Cela n'a pas échappé à Karl Lagerfeld. Pendant quatorze ans, ils ont travaillé ensemble chez Chanel, où elle s'occupait des accessoires et des bijoux fantaisie. « Tous les matins, j'arrivais avec des tenues insensées, cela l'amusait, il faisait un croquis de moi. » Aujourd'hui, cette centaine de dessins est accrochée dans un couloir de son appartement. Sur l'un d'entre eux, Lagerfeld a écrit : « De Castellane à Samothrace, c'est l'histoire d'une Victoire que l'on trace, c'est une Victoire que l'on fête en dansant. » Et sur cet autre : « La Victoire d'une guerre en dentelle ». Sans arsenic, évidemment.

Victoire en quelques dates

Naissance un 2 février.

1982 : entre chez Chanel pour dessiner les collections d'accessoires et de bijoux fantaisie.

1998 : arrivée chez LVMH, où Bernard Arnault lui confie le développement de la joaillerie Dior.

1999 : première collection, ouverture de la première boutique Dior Joaillerie, avenue Montaigne, à Paris.

2006 : exposition « La Victoire de Castellane », au Bon Marché, mettant en scène, du 9 septembre au 14 octobre 2006, ses créations et son univers.



http://www.madamefigaro.fr/luxe/20060905.MAD0010.html
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