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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 07:58
« La flambée des matières premières accroît les risques de guerre en Afrique », a déclaré, hier, à Angers, Marc Gansonré, agriculteur au Burkina Faso, invité par la chambre d'agriculture de Maine-et-Loire. : Ouest-France
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Riz, céréales, sucre, huile, lait... À Ouagadougou, les aliments ont augmenté de 30 % à 40 %. « Intenable », dit Marc Gansonré, paysan burkinabé.

« Je suis agriculteur et élu de chambre d'agriculture. Je cultive seize hectares de semences de mil, pommes de terre, choux, oignons, tomates pour les marchés ruraux et urbains. En moyenne, les fermes s'étendent sur six hectares.

« L'agriculture emploie 85 % de la population active mais ne réalise que le tiers du produit intérieur brut, en raison de faibles rendements. C'est une agriculture familiale, plus sociale qu'économique. Elle sert à freiner l'exode rural qui prive les campagnes de bras valides et empêche les paysans de nourrir les villes.

« Des gens ne mangent pas à leur faim. La population a doublé en vingt ans : 6 millions et demi en 1986,14 millions actuellement. Une grande partie vit sous le seuil de pauvreté et n'a pas la bourse pour acheter les produits importés. Même dans les années de bonne récolte, le Burkina subit un déficit céréalier chronique : la spéculation des intermédiaires et les difficultés d'acheminement occasionnent des problèmes de répartition de la nourriture.

« Le prix des biens de première nécessité flambe. Cela peut accroître les risques de guerre. La situation devient intenable dans les villes. Le riz, l'huile, le sucre, le lait ont augmenté de 30 à 40 % en deux ans. La baguette a pris 25 à 30 %. Les gens changent d'habitudes alimentaires : ils remplacent la baguette de pain, hors de prix, par des galettes de mil.

« Nous sommes assaillis par les importations de lait du Brésil. Il nous faut protéger notre filière locale. Notre pays a besoin d'une politique agricole gouvernementale qui aide les agriculteurs à investir (semences, matériel, engrais...), à accéder aux capitaux et au foncier. Cela permettrait d'augmenter les rendements et de produire des biens vivriers à moins cher pour nos frères des villes.

« Mais notre gouvernement n'a pas les mains libres. Le programme d'ajustement structurel dicté par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international freinent le développement de notre agriculture. Nous avons pourtant les capacités d'assurer notre autosuffisance alimentaire et même à exporter nos fraises, mangues, bananes... »

Recueilli par Xavier BONNARDEL.

Ouest France

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