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14 novembre 2007 3 14 /11 /novembre /2007 07:37
Longtemps, ce ne fut qu'un projet ou un sujet de polémique : la bibliothèque numérique devient une réalité. Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France, devait annoncer, mardi 13 novembre, plusieurs avancées décisives. Les 90 000 volumes de la collection Gallica, déjà numérisés en mode image, seront tous, avant l'été 2008, consultables en mode texte, c'est-à-dire de manière interactive.
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Plus important, un accord a été signé en septembre avec un consortium d'entreprises, la Safig, destiné à numériser 100 000 ouvrages de la BNF par an. L'opération a commencé. Les premiers ouvrages numérisés seront consultables dès mars 2008. L'accroissement se fera ensuite au rythme de 8 000 documents par mois. "Nous sommes passés de l'artisanat à l'ère industrielle, indique Bruno Racine. Fin 2010, on devrait disposer de quelque 400 000 ouvrages numérisés." Le coût de l'opération, 8 millions d'euros par an, est alimenté par une taxe sur les appareils de reproduction.

Autre nouveauté, un accord a été signé avec le Syndicat national de l'édition (SNE) pour définir l'accès aux textes qui ne sont pas tombés dans le domaine public - ceux qui ont été publiés après 1925. L'accès à ces oeuvres, qui ne sont pas libres de droits, devrait se faire à travers une plate-forme payante dont un prototype sera expérimenté en public, à Paris, lors du Salon du livre du printemps 2008. "J'ai la hantise que se reproduise pour le livre ce qui arrive au domaine musical, totalement déstabilisé par l'ère numérique", insiste M. Racine. Il faudra ensuite convaincre nos partenaires de l'Union européenne d'adopter un processus semblable.

Côté Europe, justement, une Bibliothèque numérique européenne (European Digital Library, EDL) a vu le jour à La Haye, en septembre. Elle est la conséquence de l'appel lancé, en 2005, par Jean-Noël Jeanneney, alors président de la BNF, pour concurrencer Google, le moteur de recherche américain. La Commission européenne doit subventionner un prototype, réalisé à partir de janvier 2008 et présenté en novembre de la même année pour gérer la numérisation des institutions patrimoniales du Vieux Continent (bibliothèques, musées, archives, audiovisuel). C'est une Française, Catherine Lupovici, responsable du département de la bibliothèque numérique de la BNF, qui a été chargée du projet.

Emmanuel de Roux Le Monde
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13 novembre 2007 2 13 /11 /novembre /2007 07:47
'ONU souhaite réduire l'inégalité d'accès à l'internet entre pays riches et pauvres, a affirmé lundi le secrétaire général adjoint de l'ONU Sha Zukang dans le cadre du second Forum sur la gouvernance de l'internet (FGI), ouvert lundi à Rio de Janeiro.

"Soyons honnêtes, il existe une fracture numérique entre pays dévéloppés et sous-développés. L'objectif de l'ONU est de réduire cette fracture pour que l'internet soit utilisé comme instrument puissant pour le développement des pays", a déclaré M. Sha à la presse.

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Le réseau du net compte actuellement un milliard d'utilisateurs dans le monde, mais "cinq milliards n'ont pas accès à cet outil utile", a-t-il relevé.

"C'est le monde développé qui contrôle les adresses", a noté M. Sha, ancien ambassadeur de la République populaire de Chine. "Comment l'ONU va-t-elle pouvoir changer cette situation?", s'est-il interrogé.

Plusieurs pays membres de l'ONU contestent le rôle dominant des Etats-Unis dans l'internet via l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), organisme américain chargé par les Etats-Unis de la gestion des noms, adresses et numéros sur le réseau mondial.

Pour Nitin Desai, conseiller spécial de l'ONU pour l'internet, "la structure de gouvernance doit être multilatérale, transparente et démocratique".

Nombre d'acteurs craignent toutefois que le transfert de la responsabilité de la gestion de l'internet à d'autres pays rende le réseau vulnérable à la censure, alors que des pays comme la Chine ou la Birmanie sont intervenus récemment pour limiter l'accès des internautes pour des raisons politiques.

Le ministre brésilien chargé des Affaires stratégiques, Roberto Mangabeira Unger, a souligné de son côté que "la structure de gouvernance mondiale ne peut subir la gouvernance d'un seul pays et qu'il faut d'autres participants".

Selon lui, la structure de gouvernance de l'internet doit représenter "non seulement les Etats et les intérêts privés mais principalement la société civile mondiale".

Pour le ministre brésilien de la Culture, le chanteur Gilberto Gil, "il faut inverser une structure asymétrique pour arriver à une politique publique mondiale".

"L'internet doit être le territoire de tous. L'internet est multinational. Il ne peut être sous le contrôle d'un pays ou d'un certain nombre de pays", a-t-il ajouté.

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13 novembre 2007 2 13 /11 /novembre /2007 07:45

Selon un sondage publié par Le Journal du Dimanche, 54% des Français interrogés seraient favorables au rattachement de cette région francophone, en cas d’éclatement de la Belgique.

Quelque 54% des Français se disent favorables au rattachement de la Wallonie à la France en cas d’éclatement de la Belgique, indique un sondage à paraître dans l’hebdomadaire Le Journal du Dimanche.

10% des personnes interrogées y sont « tout à fait favorables » et 44% « plutôt favorables », selon cette enquête d’opinion réalisée par l’institut Ifop. Ce taux atteint les 66% dans les régions et départements français du nord (Région Nord-Pas-de-Calais, Ardennes, Meuse).

Environ 41% ne sont pas favorables « au rattachement de la Wallonie, c’est-à-dire des provinces francophones, à la France », et 5% ne se prononcent pas.

Ce sondage Ifop a été réalisé par téléphone les 8 et 9 novembre auprès d’un échantillon national représentatif de 958 personnes adultes (méthode des quotas).

© RTL Info

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9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 07:45
La nouvelle salle d’accueil construite en demi-cercle par l’architecte Rafael Moneo abrite les sculptures des huit muses derrière des murs en stuc «rouge Pompéi» (DR).
La nouvelle salle d’accueil construite en demi-cercle par l’architecte Rafael Moneo abrite les sculptures des huit muses derrière des murs en stuc «rouge Pompéi» (DR).

Inauguration, hier, des 15 000 mètres carrés du nouveau bâtiment, signé Rafael Moneo, qui modernise radicalement le grand musée de Madrid.

Après deux siècles d’existence, le Musée du Prado fait peau neuve. La célèbre pinacothèque espagnole a ouvert hier au public les portes de sa nouvelle aile, un flamboyant édifice ­dessiné par l’architecte espagnol Rafael Moneo. Un bâtiment aux lignes sobres qui respecte le paysage urbain et le style du musée original conçu par Juan de ­Villanueva. Avec cette expansion, le musée se dote de 15 000 mètres carrés supplémentaires, où seront présentées les expositions temporaires. Plus vaste, plus lumineux et surtout plus moderne, le Prado peut se targuer désormais d’être à la hauteur des grandes pinacothèques mondiales, dont la plupart, comme la National Gallery de Washington ou le Louvre, ont procédé à leur modernisation il y a une vingtaine d’années. Avec cette importante rénovation, le musée madrilène clôt aussi les grands travaux d’agrandissement des principaux musées de Madrid. Ainsi, le Prado reprend sa place d’honneur dans le «Triangle d’or de l’art madrilène», entre le Musée Thyssen et le Musée d’art moderne le Reina Sofia, lesquels ont aussi été agrandis par des architectes de renom.

Si la rénovation du Prado suscite aujourd’hui l’enthousiasme, elle a été vivement contestée dans le passé. Le projet de rénovation de Rafael Moneo a été semé d’écueils avant de voir le jour (interventionnisme politique, procès des résidents du quartier…). Il aura fallu attendre sept ans pour que les travaux commencent. Mais avec le succès de l’inauguration, l’expansion du musée madrilène continue de plus belle. Le projet de Moneo s’inscrit dans un ensemble plus ambitieux visant à faire du quartier du Prado un véritable «campus» consacré à l’art. L’an prochain, est prévue l’ouverture du Cason del Buen Retiro, un palais voisin qui abritera le centre d’études du musée ainsi que le Salon de Reinos, ancien Musée de l’armée, déménagé à Tolède.

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 07:59

ERIC BIÉTRY-RIVIERRE.

À Londres, la National Gallery réévalue les artistes des XVe et XVIe siècles oeuvrant dans cette cité toscane admirée aujourd'hui pour ses beautés médiévales.

 
La célèbre course de chevaux du Palio n'était pas née que déjà, à Sienne, paroisses, quartiers et patriciens s'affrontaient déjà les uns les autres. La cité de la vallée du Tressa semble ainsi toujours avoir été fière et prompte à répondre au moindre défi. Tôt dans son histoire, elle gagna son indépendance. Au Moyen Âge, république, véritable incarnation de la ville, elle fut riche et grande. Ses peintures médiévales sont d'ailleurs aujourd'hui universellement admirées.
 
Sienne continua encore à briller durant les XVe et XVIe siècles. Pourtant, sans doute à cause du Florentin Giorgio Vasari et de ses Vite, premier recueil d'histoire de l'art, elle n'occupe pas la première place dans la grande histoire de la Renaissance. Rome et bien sûr Florence, l'éternelle rivale, la ville de Donatello, de Léonard, de Botticelli, la lui ont interdite. Est-ce dommage ? Quand on visite l'exposition « Renaissance Siena : Art for a City », ouverte depuis mercredi dans l'aile Sainsbury de la National Gallery de Londres, on se dit qu'il faudrait un trône plus large.
 
Le dernier siècle de la République de Sienne - entre 1458, lorsque l'évêque Aenas Silvius Piccolimini devint le pape Pius II, et 1536, année où Charles Quint fit son entrée sur la Piazza del Campo - est évoqué ici dans sa plus grande diversité comme dans son caractère propre. Une centaine de peintures, dessins, sculptures, manuscrits et céramiques, souvent restaurés pour l'occasion, ont été exceptionnellement prêtés par des fonds publics et privés européens et américains, et mis en regard avec quelques chefs-d'oeuvre de l'institution anglaise avec pour effet de révéler immédiatement l'extraordinaire originalité de l'esthétique siennoise et de ses artistes.
 
Des reliefs virtuoses
 
« Au même moment, ils peuvent représenter des scènes avec une perspective grossière ou au contraire avec des séries de plans très nuancés et très sophistiqués. Que ce soit dans des peintures sur bois ou dans des bas-reliefs de bronze. Ou bien encore ils peuvent sculpter le corps d'un homme de façon très réaliste », signale Luke Syson, commissaire principal de l'exposition et responsable de peintures de la Renaissance italienne à la National Gallery. Mieux : des maîtres comme Francesco di Giorgio ou Domenico Beccafumi varient leur style en fonction des commandes, civiles ou religieuses, qui leur sont passées. Prenons le premier : que de différences entre la tradition iconique saturée d'or et de regards mystiques de sa fragile Sainte Dorothée et le Christ enfant et sa Scène de conflit, un panneau de stuc un temps attribué à Léonard, aux corps à musculature parfaite et aux reliefs virtuoses à tous les niveaux, du premier plan au décor de fond. Lui devait décorer une de ces riches castellari, ces palais urbains à tour carrée si caractéristiques de la cité.
 
À Londres, les six salles à taille humaine, aux douces teintes et aux cimaises jamais surchargées, réservent ainsi autant de raisons d'étonnement que de motifs à contempler. Elles commencent par un magnifique retable. Celui de l'Assomption de la Vierge dû à Matteo di Giovanni. L'agencement général, les drapés, l'or et la symbolique de couleurs relèvent bien d'un présent tout encore médiéval mais que d'innovations dans les effets d'apesanteur, que d'audace dans ce sens très moderne des volumes qui projettent Marie comme au devant de la scène. Neroccio de'Landi, autre nom guère connu, surprend, lui, dans les visages. Celui, ravissant, d'une sainte Catherine aux stigmates, bois sculpté à l'infinie délicatesse. Celui d'une jeune anonyme à la blondeur éthérée, tout à fait capable de rivaliser avec la Simonetta Vespucci de Botticelli pour le titre de plus belle femme de son temps.
 
Puis, comme à des années-lumière, venu du Trecento, un Benvenuto di Giovanni séduit par une expressivité digne des expressionnistes allemands dans cette vision tourmentée d'Adam et Eve chassés du Paradis. Et l'on mesurera encore, dans la dernière salle, ce qu'Ingres et Puvis de Chavannes doivent à Domenico Beccafumi. Le premier pour ses odalisques aux membres étirés, le second pour ses bleus et ses verts suaves. Par fierté, on le disait, et en dépit de sa constante ouverture au monde, Sienne semble avoir choyé parmi ses artistes ceux qui se trouvaient les plus éloignés ou les plus rebelles aux canons florentins. Canons, malheureusement pour elle comme pour eux, largement adoptés depuis par l'histoire de l'art. La réévaluation de Luke Syson sert à cet égard de salutaire contrepoint. Elle rappelle combien ce qu'on appelle Renaissance fut protéiforme.National Gallery, jusqu'au 13 janvier. Catalogue en anglais édité par la National Gallery, 371 p., 25 £. DVD, 15 £. Eurostar, pass métro, entrée de l'exposition, deux jours et une nuit à Londres à partir de 215 eur. Rens. : 01 42 66 07 07. www.bms-travelshop.com
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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 07:53
Il est trop tôt pour un bilan. On ne juge pas un ministre après six mois d'exercice. Surtout un garde des sceaux qui a été juge ! Alors, à défaut de juger Rachida Dati, on la soupçonne. C'est plus commode, plus rapide et plus ravageur. C'est une manière d'instruire son procès sans le dire. Accusée Dati, répondez !
 
On plaisante à peine. Le dernier objet de la controverse, ce sont ses diplômes. Pas assez ceci, pas assez cela selon la rumeur. L'Express et Le Canard enchaîné ont enquêté. Les deux hebdomadaires ont humé et retourné toutes ses peaux d'âne. Ils ont validé un DEUG de sciences économiques, puis une maîtrise en droit. Mais nos deux confrères tiquent sur son passage à l'Institut supérieur des affaires (ISA). "Elle n'a jamais obtenu le diplôme...", relève L'Express. Elle cultive l'ambiguïté, signale le Canard.

On rêve ! Dans l'extrait de curriculum vitae publié par Le Canard enchaîné, la future ministre de la justice signale simplement qu'elle a suivi l'enseignement en formation continue de l'ISA-HEC. Nulle mention de sa part d'un quelconque diplôme. Au contraire, Rachida Dati précise qu'elle est "ancienne élève de l'Institut supérieur des affaires". Ce qui veut dire, selon les codes en vigueur, non diplômée.

Mais ce n'est pas la question, on l'aura compris. Lui demander de s'expliquer sur ses diplômes, cela revient à douter de ses compétences. Cela consiste à miner sa crédibilité. A saper son autorité. Que peut donc être une garde des sceaux qui tricherait sur son CV ? Lui demander ses diplômes, c'est comme lui demander ses papiers. Police ! Contrôle d'identité...

C'est troublant et inquiétant pour l'image que cela renvoie d'une société inquisitoriale. Comme si l'élève Dati devait encore et toujours prouver quelque chose. Et, de fait, c'est tout juste si on ne lui conteste pas aujourd'hui son titre de magistrat. Nous aurait-elle menti ? On la croyait adoubée par un ancien ministre de la justice (Albin Chalandon) et une ancienne secrétaire générale du Conseil de la magistrature (Simone Veil). C'est exact. On la pensait formée par l'Ecole nationale de la magistrature. Encore exact. Mais elle a été reçue sur titres, sans passer le concours. Honte à cette petite fille issue de l'immigration qui n'est pas parvenue à faire les grandes écoles tandis qu'elle travaillait de nuit pour payer ses études !

Dans un livre à paraître ces jours-ci, Je vous fais juges, elle répond aux questions de Claude Askolovitch, du Nouvel Observateur. C'est très instructif. Exemple : "Dans votre enfance, le fait d'être d'ailleurs a-t-il compté ?

- Je ne viens pas d'ailleurs, répond-elle. Je suis née à Saint-Rémy, Saône-et-Loire."

Plus loin : "Il n'y a pas de question beur ?

- Elle ne m'a pas construite."

Tout est de cette eau-là. Pensé, ajusté. "Le problème, explique-t-elle, c'est que les gens vous mettent une condition sociale sur le visage. Et sont persuadés d'être de fervents progressistes..."

Rachida Dati s'est fait une raison. Elle encaisse, elle avance sans que personne comprenne où elle parvient à puiser cette énergie qui l'a conduite toujours plus haut. Au terme de 232 pages d'interrogations sur ses origines, sa formation, son ambition, Claude Askolovitch lui lance : "Personne n'a votre secret de fabrication ?" Elle répond d'un mot : "Non." Il la relance : "Et de toute manière, il n'y en a pas ?" Ultime réponse : "Non."

Peut-être cette tension très maîtrisée est-elle sa marque de fabrique, ce qui la conduit à l'action, au goût de la conquête. René Char, poète et résistant, a défini un jour sa propre conduite d'une phrase : "Etre du bond. N'être pas du festin, son épilogue." Rachida Dati, tout juste 41 ans, n'a pas cette réserve. Elle cumule les deux sans façon.

Laurent Greilsamer Le Monde
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5 novembre 2007 1 05 /11 /novembre /2007 09:45
  • Journaliste, réalisateur de films
  • le 8 mai 1960 - Boulogne-Billancourt (92)
  • Âge: 47 ans
Parents
Mariages et enfants
Notes

Gilles de Maistre commence sa carrière comme documentariste pour la télévision. Il passe ensuite au grand écran avec un premier long métrage en 1994 Killer Kid. Ce n'est qu'en 2001 qu'il tourne son second film pour le cinéma, Féroce.
Réalisateur du film Le premier cri, sorti le 31.10.2007 en France.

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5 novembre 2007 1 05 /11 /novembre /2007 09:42

INTERVIEW DE GILLES DE MAISTRE


A travers dix portraits de femmes disséminées aux quatre coins du monde, le réalisateur Gilles de Maistre filme cet instant fragile et puissant qui nous réunit tous, la naissance. 'Le Premier Cri' est un incroyable instantané du monde d'aujourd'hui, où, au déferlement d'émotions se juxtapose une réflexion sur notre propre condition humaine.


Loin de toute approche clinique, pudique et respectueux, Gilles de Maistre filme avec douceur et poésie. Il capte les visages, les regards, les émotions… Entre similitudes et contradictions, au-delà de la fascination que suscite l'éclosion de la vie, le film de Gilles de Maistre met en évidence une réelle diversité : des paysages et des climats bien sûr mais surtout des cultures et des traditions. Le réalisateur nous interroge et nous interpelle sur notre conception de la vie et de la mort. La naissance devient prétexte à toute une série de réflexions sur les inégalités sociales et économiques, sur les disparités dans l'accès aux soins… Entre nature et technologie, où va le monde ?


D’où vous vient cet intérêt pour la naissance, l’acte de mettre au monde ?

'Le Premier Cri' va au-delà de la mise au monde. Je voulais faire de mon film un miroir dans lequel chacun pourrait se retrouver. Le but était de réunir plusieurs histoires pour n’en dégager qu'une seule. A travers la naissance se révèle toute une série de problématiques passionnantes sur la réalité émotionnelle de chaque famille et plus largement encore, sur les enjeux de notre monde.


Comment avez-vous abordé tout le travail de préparation, en amont du tournage ?

A partir de ces dix naissances à travers le monde, il s'agissait de faire du 'Premier Cri' un film de contrastes. Des glaces de Sibérie au désert du Sahara en passant par la forêt amazonienne… Chaque environnement devait avoir un impact immédiat sur le public. Le défi était de trouver suffisamment d'éléments contrastés pour donner de l'épaisseur au fil conducteur central qu'est celui de la naissance. Et encore fallait-il bien sûr que la jeune femme choisie accepte d'être filmée pendant cet instant très intime. 'Le Premier Cri', c'est dix endroits différents, quinze mois de tournage, trois ans de travail. Et à chaque fois, énormément d'imprévus. On a suivi chacune de ces femmes sans vraiment savoir ce qui allait se passer. L'accouchement pouvait aussi bien avoir lieu le jour même comme trois semaines plus tard. Il fallait être prêt et patient. La vie est faite de cette dramaturgie naturelle qu'il s'agissait de capter au mieux.


En quoi la forme du documentaire s’adaptait justement très bien à cette incertitude permanente ?

Voulant raconter la vie, je pouvais difficilement faire une fiction. Le documentaire permet de se confronter au réel. Et finalement, je me suis retrouvé dépendant de cette réalité. Il s'agissait d'en rendre compte le plus honnêtement possible afin que chacun puisse saisir l'enjeu de chaque histoire. C'est un voyage émotionnel d'une rare intensité qui se déroule sur 48 heures, pendant lesquelles le spectateur est invité à parcourir le monde.


A la haute technologie des hôpitaux se substitue parfois la culture traditionnelle…

Il y a des femmes qui accouchent dans le dénuement le plus total. Une Indienne accouche dans la rue. Une femme touareg, sur le sable du désert. Tout cela montre à quel point il existe d'énormes inégalités devant un acte pourtant partagé par toutes et tous. Derrière le film, derrière l'histoire se trouvent aussi les grands enjeux du monde moderne.


Parmi toutes ces histoires, y en a-t-il une qui vous a particulièrement ému ou déconcerté ?

Ne me demandez pas de choisir parmi tous "mes" enfants. (rires) Mais bon, c'est vrai que j'ai vibré de façon différente en fonction des endroits. A chaque lieu son émotion. C'est évident qu'on ne peut être que révolté de voir mourir un bébé dans le désert. Et c'est sûr que j'ai beaucoup plus adhéré à l'accouchement en France auprès de ce couple pleurant de joie, heureux d'accueillir leur bébé. Je pense que c'est la naissance à laquelle nous souhaitons tous assister dans notre intimité la plus profonde.


Comment avez-vous été reçu par toutes ces femmes ?

Elles ont vraiment adhéré au projet et à cette idée de mêler l’universel à l’intime. Elles ont bien assimilé le fait que le film allait regrouper le destin de plusieurs femmes, chacune symbolisant une histoire, une tradition et une culture. J'ai choisi des pays et des peuples qui présentent de très fortes identités. Des Indiens d'Amazonie, des Touaregs du Niger, des Massaïs de Tanzanie… Toutes se sont senties fières de pouvoir ainsi incarner leurs valeurs. Surtout qu'il s'agit souvent de traditions que le monde moderne engloutit inexorablement. Tous ces éléments se mélangent et donnent au film un panel de couleurs et d'émotions très contrastées.


Une diversité que vous soulignez d’autant plus par votre montage…

La cohérence générale du film provient effectivement de ce jeu d'écho et de chevauchement entre le son et l'image. Je voulais absolument éviter l'approche "catalogue". Il s'agit d'une histoire à multiples facettes. Ce moment de vérité où la femme entre dans son travail d'accouchement. Où elle ne peut plus reculer et doit aller au bout, jusqu'à la naissance. Et dans chacune des histoires se trouvent la nôtre. Des histoires, des traditions, des gestes très personnels qui viennent se répondre ou se contredire. Et peu à peu se tisse la trame du film, entre rêve et réflexion.


Vous semblez vous servir de la musique comme d’un liant entre ces aventures éparpillées aux quatre coins du monde…

Oui, comme l'éclipse du soleil autour de laquelle j'ai choisi de réunir – artificiellement – les dix naissances. Et le montage rassemble le tout. La bande originale est constituée de musiques, de chanteurs et d'instruments du monde entier. On retrouve dans cette bande-son d'Armand Amar cette dimension universelle que je tenais absolument à développer. Cela devait rester la tonalité du film.


Vous montrez une nature grandiose et imperturbable. Une nature qui semble veiller sur toutes ces femmes…

Elle est là pour nous rappeler notre place dans le monde. Il y a certes des paysages incroyables comme en Sibérie ou en Tanzanie, mais j'ai aussi voulu montrer des lieux qui ne présentaient pas cette beauté naturelle et grandiose. Lorsque nous sommes à Bénarès en Inde ou à Ho Chi Min au Vietnam, le contexte urbain est beaucoup plus "agressif", bruyant. Je voulais que chaque image raconte une partie de notre monde et que chacun puisse se retrouver dans cette palette de paysages.


A travers cette pluralité dont votre film se fait l’écho, vous vous interrogez sur notre propre condition humaine, sur notre rapport au monde, à la vie et à la mort…

Sans se vouloir didactique, le film invite le spectateur à se poser toute une série de questions sur l'évolution de notre planète. 'Le Premier Cri' ne donne pas de réponses mais propose simplement des pistes de réflexions que le spectateur est libre d'emprunter ou non. Il est libre de simplement rester dans l'histoire ou de s'interroger sur des questions autrement plus existentielles.


Que pensez-vous de l’affirmation du docteur Yoshimura comme quoi “la technologie déshumanise la naissance. La femme n’est pas un objet et le bébé n’est pas un produit” ?

C'est vrai que lorsque quelqu'un défend un avis, il a tendance à s'arc-bouter dessus. Au point de devenir parfois excessif. Mon travail est de présenter tous ces points de vue et de me dire qu'il y a peut-être à prendre un peu dans chacun d'eux. Evidemment qu'il faut traiter la femme avec dignité. Evidemment que nous devons tout mettre en oeuvre pour protéger la vie de la maman et de son bébé. Et au Japon, le médecin favorise certes un accouchement naturel mais au moindre problème, il se tient prêt à effectuer une césarienne ou toute autre intervention qui se révélerait indispensable. Il a tout de même la technologie derrière qui veille. Mais c'est sûr qu'au milieu du désert ou en Amazonie, la femme n'a pas le choix. Elle doit accoucher dans des conditions souvent dangereuses. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que toutes les femmes puissent mettre au monde dans des conditions confortables et dignes.


Quel regard portez-vous sur la volonté de certains couples d’accoucher selon la tradition ou sans aucune assistance médicale ?

Je pense que l'on doit apprendre de tout le monde et rester tolérant. Cette Américaine qui fait le choix d'accoucher sans aucune assistance médicale souhaite se réapproprier cet acte de communion entre la mère et l'enfant.


Vos projets ?

J'ai l'envie encore assez vague de faire le pendant de ce film. Le pendant de la naissance, autrement dit, la mort. Ce sont les deux bornes qui délimitent notre passage sur terre. Nous avons cela en commun. J'aimerais pouvoir raconter la mort à travers le monde. Un sujet qui n'est pas forcément triste. Il y a, encore une fois, tout un tas de cultures où la mort est vécue comme un moment joyeux et festif. Des cultures dont nous avons certainement beaucoup à apprendre pour nous aider à nous y confronter.

Propos recueillis par Mathieu Menossi pour Evene.fr - Octobre 2007

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5 novembre 2007 1 05 /11 /novembre /2007 08:13

 
 
 

"Le Premier cri" au cinéma
La naissance délicatement filmée sur plusieurs continents par Gilles de Maistre

Plonger le spectateur au cœur des joies et des douleurs de l’accouchement par caméra interposée. C’est le pari que relève brillamment le réalisateur Gilles de Maistre dans son dernier documentaire, Le Premier cri, en salles ce mercredi dans l’Hexagone. Document inédit sur les premiers pas dans la vie de tout être humain, le film est aussi un témoignage des multiples visages de la naissance sur la planète, de l’Afrique à l’Asie en passant par l’Amérique et l’Europe. Hymne à la vie et aux femmes, Le Premier cri ne mérite que des qualificatifs élogieux qui tiennent aussi bien au sujet qu’à la qualité de son rendu.



mercredi 31 octobre 2007, par Falila Gbadamassi            


La naissance, évènement à la fois exceptionnel et banal, est au cœur du documentaire Le Premier cri, réalisé par Gilles de Maistre, qui sort ce mercredi en France. Quarante huit heures autour de l’éclipse solaire du 29 mars 2006, quatre continents, dix pays, dix futures mamans qui acceptent de vivre l’heureux évènement sous l’œil de la caméra du réalisateur français. Des terres froides de la Sibérie, en Russie, à celles arides du désert de Kogo, au Niger, en passant par le Brésil, les Etats-Unis, la France, l’Inde, le Japon, le Mexique, la Tanzanie, le Vietnam, Le Premier cri se fait le témoin privilégié d’un instant magique. Celui où bébé couvert de vernix, cette pellicule blanchâtre qui le recouvre là la naissance, s’époumonne pour annoncer son arrivée sur la terre des hommes. Un point final intense, semblable et différent selon les points du globe.

Dix manières de donner la vie

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Mané, la Touareg

Semblable parce que dans un hôpital ou à domicile, la douleur, les larmes et les gémissements, le soulagement puis la joie se lisent sur les visages des nouvelles mamans. Différent parce que certaines femmes peuvent choisir la façon dont elles souhaitent être délivrées, surtout dans les pays développés. Parmi les dauphins comme la Mexicaine Pilar, à l’ancienne, comme Yukiko la Japonaise qui a choisi la naissance sur tatami à l’instar de sa mère ou encore Vanessa, originaire du Québec, qui dans son Maine profond veut accoucher naturellement, c’est-à-dire sans aide médicale. Le luxe de choisir s’oppose aux maigres moyens de Sunita, une Intouchable en Inde, qui ne peut s’offrir que les soins d’une sage-femme retraitée ou Mané, la Touareg qui n’a qu’une seule alternative : accoucher dans le bivouac de sa famille alors que sa délivrance s’annonce difficile. Au-delà du choix de la modernité et du retour aux pratiques d’antan, Le Premier cri est aussi un voyage à travers le rituel de l’accouchement chez les indiens Kayapo, tribu guerrière de la forêt amazonienne au Brésil, ou chez les Masaï de la Tanzanie. Chez les premiers, on expulse l’enfant, assise et accrochée à une branche et en pays masaï, la nouvelle maman Kokoya s’abreuve de sang de bœuf pour reconstituer ses forces après cette dure épreuve où elle a dû taire sa douleur.

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Au premier plan, Kokoya, la Masaï

Le Premier cri s’apparente à une expérience cinématographie unique de par sa thématique et la parti pris artistique. Ce tour du monde de la naissance autour d’un évènement peu ordinaire – une éclipse solaire -, rendu possible par « 22 mois de recherche, 120 femmes enceintes rencontrées, 45 informateurs locaux, 10 enquêteurs…et une tonne de patience ». Mais également de ce que Gilles de Maistre a su faire de sa caméra. Attentive, captant les moindres soubresauts de la mère, filmant les jambes écartées des parturientes et l’apparition de l’enfant, quand cela était possible, tout en étant toujours respectueuse de l’intimité de chacune des mamans. Des femmes qui font à tous ceux qui verront Le Premier cri un cadeau inestimable que Gilles de Maistre, réalisateur du documentaire télévisé A la maternité (2004), a su emballer avec délicatesse et talent. A ne refuser sous un aucun prétexte.

La bande annonce du film



La musique d'Armand Amar, l'auteur de celle de "Va, vis et deviens" est envoutante.

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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 06:34

Une centaine des 851 sites classés par l’Unesco sont menacés

 
SUR la liste des 851sites du patrimoine mondial de l’Unesco, une trentaine sont classés « en danger ». « Il devrait y en avoir plus. Une centaine pourraient y figurer », estime Francesco Bandarin, directeur, depuis sept ans, du Centre du patrimoine mondialde l’Unesco, chargé du contrôle des sites. « Depuis quelques années, nous assistons à l’apparition de nouvelles menaces globales », s’inquiète-t-il, citant le développement, parfois incontrôlé, du tourisme de masse, la pression immobilière dans les villes, l’appétit de l’industrie pétrolière et le réchauffement climatique. Plusieurs événements récents nourrissent ses craintes. La réserve d’Oman, qui abrite les derniers oryx arabes, a été retirée de la liste du patrimoine mondial en juin dernier, sacrifiée sciemment par les autorités locales pour permettre la prospection d’hydrocarbures. Une première exclusion qui pourrait en annoncer d’autres. Les centres historiques de Dresde et de Saint-Pétersbourg sont également menacés de passer à la trappe. Les villes, qui constituent un quart des sites protégés par l’Unesco, sont de fait les plus fortement menacées, en raison de la pression immobilière et du retour en grâce des gratte-ciel. Dans ces lieux, le patronage de l’Unesco n’est plus une protection infaillible. « Dans les années 1960- 1970, les centres historiques des villes étaient abandonnés. Aujourd’hui, ils sont devenus des endroits magnifiques qui attirent les investisseurs. La pression est forte pour construire autour des zones protégées des bureaux ou des hôtels qui défigurent le paysage », note Francesco Bandarin. Jusqu’ici, l’intervention de l’Unesco, que ce soit à Cologne, à Vienne ou à Ispahan, a permis d’éviter que soit porté atteinte à des paysages historiques. Conséquences de l’uniformisation Mais le projet du groupe russe Gazprom de construire une tour de 300 mètres de haut à Saint-Pétersbourg, lui, n’est toujours pas abandonné. L’Unesco a fait savoir qu’elle n’hésiterait pas à rayer Saint-Pétersbourg de la liste du patrimoine mondial en cas de construction. « C’est la ville la mieux conservée d’Europe, la ville horizontale par excellence. La construction de cette tour serait dramatique. Ce serait le signal que l’on peut faire n’importe quoi », s’alarme Francesco Bandarin, qui se rendra à Moscou en novembre. À Londres, à Istanbul, les projets de construction de tours menacent également des paysages historiques. « Si le maire de Londres veut construire Shanghaï au milieu de sa ville ce n’est pas notre problème, nous ne sommes pas des fondamentalistes. La seule chose que nous ne souhaitons pas c’est que la Tour de Londres se dresse sur un arrière-plan couvert de buildings », explique le directeur du Centre du patrimoine, qui en profite au passage pour égratigner les conséquences de l’uniformisation, pendant culturel à la mondialisation économique. « Je trouve que l’architecture moderne a perdu tout lien avec le contexte historique. Certains ont même théorisé cette indifférence au contexte. Si vous prenez les immeubles de Zaha Hadid (architecte anglo-irakienne d’avant garde récompensée par le prix Pritzker en2004,NDLR), on peut les mettre n’importe où, même sur la Lune », poursuit l’ancien élève de l’Institut d’architecture de Venise. Cela tient au règlement de l’Unesco. La convention du patrimoine rédigée en 1972 est formelle : un site ne peut être déclaré« en danger » sans le consentement de l’État concerné. Et beaucoup de pays traînent des pieds, craignant que la reconnaissance publique des dangers qui menacent un des joyaux de leur patrimoine affecte non seulement la fréquentation touristique mais également la réputation de leur gouvernement.
 
Une « charte éthique du tourisme »
 
Ainsi, l’Équateur s’est longtemps refusé à reconnaître la dégradation des îles Galapagos, un site symbolique car il fut le premier inscrit sur la liste du patrimoine mondial. En juin dernier, l’archipel a finalement rejoint le nombre des sites « en danger ».
 
« Ce fut long et difficile. On essayait de les y mettre depuis quatre ans. Si on laissait faire, les Galapagos risquaient à terme de ressembler aux Canaries », explique Francesco Bandarin. Une mission menée, en avril, par l’Unesco avait révélé les menaces qui pèsent sur cette réserve naturelle. Au premier rang d’entre elles, la croissance incontrôlée du tourisme de masse. Le nombre des visiteurs est ainsi passé de 40 000 en 1991 à plus de 120 000 en 2006, celui des hôtels a doublé, menaçant la préservation de l’écosystème local. Au Machu Picchu (Pérou), l’Unesco a dû s’opposer à la construction d’un téléphérique destiné à augmenter le flux des visiteurs, craignant une dégradation du site inca. Francesco Bandarin craint également que les temples cambodgiens d’Angkor soient victimes de la pression touristique. « Des hôtels poussent comme des champignons, la capacité de réception a été multipliée par quatre. Le site est déjà largement affecté », dit-il, réclamant la mise en place d’une « charte éthique du tourisme ».Vianney Aubert. Site du Figaro.
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Vianney Aubert.
 Publié le 25 octobre 2007
blié le 25 octobre 2007

 
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