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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 11:37

Du latin per-fumum, signifiant " à travers la fumée ", il a joué un rôle
dans toutes les civilisations passant du sacré au profane. Chargé de transporter les prières des hommes jusqu’aux dieux ou instrument privilégié de la séduction, son histoire, passionnante, est liée au plus près à l’histoire des moeurs et des idées, chaque époque privilégiant une manière de se parfumer, une senteur parmi d’autres. Il a également suscité, à travers les siècles, une incroyable production d’objets précieux et raffinés en albâtre, faïence émaillée, céramique, verre, métaux ouvragés dont le luxe n’a d’égal que la beauté.


Le parfum tire ses origines de l’égypte, il y a 3.500 ans. D’abord cantonné au rôle sacré d’offrande aux dieux, il devient très logiquement un élément fondamental de l’embaumement. Peu à peu, il fait son entrée dans le monde profane, paré des vertus qui lui viennent de son utilisation sacrée : purification, thérapeutique, apaisement, envoûtement, séduction. La première véritable eau de toilette, le Kyphi, composée de résine de thérébinthe, de souchet, de raisins secs, de joncs odorants, de vin, de miel, de myrrhe, de safran et de cannelle, est ainsi appréciée et réputée pour ses vertus apaisantes.
Les égyptiens s’ornent de petits cônes d’essence balsamique qui, en fondant, parfument le visage. Les égyptiens maîtrisent déjà deux techniques d’enfleurage pour recueillir le parfum l’une, faisant macérer les plantes odorantes dans de l’huile avant de recueillir le liquide en essorant les plantes dans un linge, l’autre par trempage des pétales de fleurs dans de la graisse.
D’abord conservé dans des récipients de terre cuite, les égyptiens optent pour des flacons en albâtre, en onyx ou en porphyre.


Les grecs, héritiers des égyptiens, utilisent le parfum pour rendre hommage aux guerriers morts. Il est également présent dans la vie quotidienne, comme source d’agrément (lors des banquets, dans le bain) et comme thérapie pour soigner la peau, préserver de l’ébriété, soigner les muscles des athlètes. Les techniques d’enfleurage, héritées des égyptiens, sont améliorées par l’ajout d’épices, de gommes, de baumes et d’huiles parfumées issues de la macération des fleurs, dans des vases spéciaux en bronze remplis d’huile ou de graisse liquide. Les grecs améliorent également le contenant grâce à la technique du verre soufflé, développée en Syrie vers 50 av JC. Donnant ainsi aux flacons des formes élaborées d’oiseaux ou d’animaux de toutes sortes... et, grâce aux moules, reproductibles à l’infini.


A Rome, le parfum a de multiples usages. Sacré pour rendre hommage aux dieux, il trouve aussi une utilisation massive dans la vie quotidienne des romains : bains parfumés, massages, soins de la peau… et comme parfums d’ambiance. Le funeste empereur Néron utilisant même un baume à base d’encens, aux vertus régénératrices, pour éliminer les traces de ses nuits d’orgie.
L’importance du parfum confère à Rome le titre de " capitale du parfum " et lui permet de s’enrichir grâce au commerce des plantes, fleurs, graines... L’industrie se développe autour des onguents, des pommades et des pâtes parfumées et de l’ancêtre du savon, le sapo, pâte moussante à base de graisse de chèvre et de cendres de saponaire.
Les flacons de verre romains ont des formes variées. Très beaux et très travaillés, ils coûtent chers et sont le privilège d’une élite. Les flacons en faïence sont réservés à la classe moyenne romaine.


Au Moyen-Age… L’art du parfum progresse grâce aux arabes, ce qui leur vaut de devenir, pour plusieurs siècles, les maîtres incontestés de la parfumerie. Ils inventent, en effet, la technique de la distillation, introduisent la culture des plantes à grande échelle et trouvent de nouvelles substances odorantes, comme le musc.
Cependant la montée du christianisme s’accompagne de la régression de l’utilisation des parfums et des cosmétiques. Des plantes odorantes et médicinales « les simples » demeurent cependant dans les jardins des couvents.
Il faut attendre que les croisés reviennent d’Orient avec, dans leurs bagages, des huiles, des potions et des senteurs nouvelles pour réintroduire dans toute l’Europe un véritable engouement pour les parfums. En1190, le privilège du commerce des parfums est attribué aux gantiers, enviés par les merciers. En1594, un édit interdit de s’intituler parfumeurs ; vingt ans plus tard, les gantiers reconquièrent le droit de s’appeler " parfumeurs ", à condition de ne vendre que des produits de leur fabrication.
Le parfum est utilisé sous toutes ses formes : poudres, lotions. Ils sont réputés pour leurs vertus purificatrices. La puanteur est, en effet, supposée transporter les miasmes ; le parfum, en s’infiltrant dans le corps, est sensé guérir toutes les maladies (y compris les tumeurs). Mais il est aussi un outil de séduction : les femmes n’hésitent pas à glisser dans leurs vêtements des sachets de poudre d’Iris.
Les flacons sont de métal émaillé ou réalisés en verre soufflé de Venise (selon des techniqus orientales utilisées à Murano et donnant au verre un aspect blanc laiteux ou à filligranes) et de Bohême aux formes originales, même si héritées de la tradition vénitienne.


La Renaissance constitue une époque transitoire dans l’histoire du parfum. Catherine de Médicis lance vraiment la mode du parfum à Paris. Des progrès techniques importants sont faits dans le domaine de la chimie permettant d’améliorer la distillation et la qualité des essences. La ville de Grasse assoit sa renommée sur les gants de cuir parfumés, alors très en vogue, et développe une industrie qui lui offre le titre de " Capitale mondiale du parfum ", quelle conserve encore de nos jours.
Dès le XIIe siècle, Grasse noue des liens commerciaux avec Gênes et l’Espagne. Avec l’invention de l’imprimerie de nombreux ouvrages techniques livrent des recettes d’eaux odoriférantes, à base florales ou animales, pour le corps, la maison mais aussi des parfums secs destinés aux pommes de senteurs, aux gants et aux ceintures.


A la fin du XVIIe siècle, la tendance est aux senteurs naturelles et champêtres : eau de mille fleurs, Eau divine… mais surtout eau de Cologne très réputée pour ses vertus thérapeutiques. Un siècle plus tard Napoléon Bonaparte utilise chaque jour une bouteille en frictions.
Parallèlement la mise au point du cristal de plomb permet la création de flacons en cristal enserrés dans des montures en or, en bois ou en cuir.


Au XVIIIe siècle, la France domine le monde du parfum avec Grasse et Paris où les plus grands parfumeurs des cours d’Europe, tel Jean-François Houbigant, se sont installés. La distillation et l’enfleurage à froid sont inventés. La cour de Louis XV est qualifiée de " cour parfumée ". Il est de bon ton de changer de parfum tous les jours et d’avoir gants et vêtements parfumés. Les femmes raffolent des poudres, pendentifs, boîtes bergamotes " orangettes " obtenues à Grasse avec l’écorce de bergamote. Vers la fin du siècle, Marie-Antoinette relance la mode des senteurs champêtres, fraîches et naturelles.
Les contenants précieux envahissent les boudoirs et les tables de toilette. Les nécessaires de beauté, boîtes à mouches, pommanders deviennent de véritables ½uvres d’art. Le flacon émaillé est peint ou en porcelaine de Sèvres, de Chelsea et de Meissen à partir de 1720. Cette manufacture propose aux dames des flacons en forme de gourde ou de balustre, illustrés de scènes de genre ou de chinoiseries.
Sous l’influence du sculpteur Joachim Kaendler des flacons anthropomorphes sont créés. Le verre reste cependant privilégié. A l’époque, contenu et contenant sont encore vendus séparément. Le parfumeur fournit ses créations dans des fioles toutes simples. Les clientes transvasent les jus dans des flacons ouvragés.

La Révolution Française porte un coup funeste à la parfumerie. Balayant tout ce qui peut rappeler le faste de la cour de Louis XVI… et ceci malgré la création de parfums aux noms évocateurs : « Parfum de guillotine », « A la Nation ». Il faut attendre le Directoire pour voir le retour à une frénésie de luxe et de parfum.


Au XIXe siècle, le parfum redevient le centre des préoccupations des dames. L’impératrice Joséphine lance la mode des senteurs exotiques comme la vanille ou la cannelle, qui lui rappellent son enfance créole. Sous la Restauration les senteurs légères et douces sont plébiscitées. Durant ce siècle des maisons de parfum, encore en activité aujourd’hui, sont créées : L.T Piver en 1813, Guerlain en 1828, Molinard en 1849, Roger et Gallet en 1862, Bourjois en 1868 et Coty en 1898.
Le XIXe est le siècle où l’activité de la parfumerie prend vraiment son essor et entre dans l’ère de la modernité. Les " jus " sont désormais moins éphémères et de meilleure qualité. Mais le parfum reste un luxe (plus coûteux qu’un bijou).
La Révolution Industrielle, vers 1850, provoque une mutation profonde dans le mode du parfum avec l’invention de la méthode d’extraction par solvants volatils (dont le brevet est détenu par le grassois Léon Chiris), et celles des composants synthétiques pour reproduire des substances naturelles, comme la vanilline (vanille), la coumarine (fève tonka) ou la ionone (violette) et de créer de nouvelles odeurs. La fabrication devient industrielle permettant enfin, aux classes moyennes d’accéder au parfum. De grandes maisons se développent, comme Guerlain, qui fonde sa notoriété sur " L’eau de Cologne impériale ", qui a conquis l’impératrice Eugénie en calmant ses migraines. La prestigieuse maison est également à l’origine du premier parfum moderne. En effet, les parfumeurs ne créent que des parfums soliflores ou à note unique. En 1889, Aimé Guerlain révolutionne la parfumerie avec " Jicky ", premier parfum alliant avec subtilité essences naturelles et produits de synthèse où est pris en compte le fait que les odeurs s’évaporent à différentes vitesses : la note de tête (composée des essences qui ne durent que quelques minutes), la note de c½ur (les éléments essentiels), et la note de fond (senteurs persistantes et fixateurs). Cette architecture pyramidale va rapidement devenir le modèle dominant. Il impose néanmoins la mise en bouteille à l’usine.
Le flacon se doit désormais d’être beau et séduire l’acheteur. Le parfum ne peut plus être transvasé. Les parfumeurs font appel à de véritables artistes pour créer leurs flacons. Ils deviennent des écrins emblématiques de fragrances. Baccarat est la première cristallerie à répondre à ces nouveaux besoins. De cristal clair ou émaillé, chacun de ces flacons révèle la sophistication extrême des techniques de décor.


Avec le XXe et l’Art Nouveau, la parfumerie a le souci exacerbé de la beauté du flacon. En 1907, François Coty, pour qui le flacon doit être une véritable ½uvre d’art et refléter la qualité de son contenu, s’associe au verrier René Lalique pour la commercialisation du parfum " Ambre Antique ". Après la première guerre mondiale vient la période des années folles, marquées par la course à la modernité, la recherche de la nouveauté et de l’exotisme. L’Art Déco succède à l’Art Nouveau. Paul Poiret, qui a déjà libéré la femme du corset et impose le parfum comme partie intégrante de la parure féminine, crée " Rosine " (du nom de sa fille aînée), dont il dessine lui-même les flacons. Il est bientôt imité par un grand nombre de couturiers, qui offrent de petits flacons en cadeau à leur clientèle, puis à vendre des parfums portant leur griffe : " Arpège " de Lanvin, créé en 1927 par André Fraysse, au fameux flacon boule noire ; le mythique " N°5 " de Chanel, créé en 1921 par Ernest Beaux, et qui reste aujourd’hui le prototype des parfums aldéhydés ; " Shocking " de Shiaparelli en 1930, en forme de buste de femme. Les flacons sont de plus en plus ouvragés et originaux. En 1925, à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs sont représentés les plus grands parfumeurs français : Coty et ses superbes flacons Lalique, les parfums de Rosine, L.T Piver, et surtout Guerlain, qui présente à l’occasion son légendaire " Shalimar " dans un flacon signé Baccarat. Le parfum XXIII de Delettrez est présenté dans un faux collier de 13 perles de taille décroissante, dont 11 sont de petits flacons placés à l’envers dans l’écrin, les deux perles extrêmes étant factices; en 1938 la maison Varva (New-York) sort " suivez-moi ", dont le flacon est une bague portant une grosse perle. Tout récemment, le parfumeur-joaillier Boucheron a repris l’idée du flacon-bijou avec " Jaïpur ", au flacon en forme de bracelet, et tout récemment avec " Initial ", " le parfum-perle ".

La Libération marque le début d’une nouvelle ère pour la parfumerie. Celle de l’abondance et de la variété de création.1945 est marquée par la sortie de nombreux parfums célébrant la victoire :
"L’Heure attendue" de Patou, "C½ur joie" de Nina Ricci, "Le Roy soleil" de Schiaparelli, au flacon dessiné par Salvador Dali. Une nouvelle vague de couturiers-parfumeurs déferle sur la France : "Vent Vert" de Balmain, "Ma griffe" de Carven, "Bandit" de Piguet, l’intemporel "Air du Temps" de Nina Ricci et "Miss Dior" de Christian Dior.

Les années 70/80 marquent le début d’une très grande diversité olfactive. La décennie 70 voit un attrait marqué pour l’Inde, les gourous et la religion : les senteurs orientales comme le santal, le musc ou le patchouli sont à la mode, et les parfumeurs suivent le mouvement : Lancôme , avec "Magie Noire", Guy Laroche avec "J’ai Osé" et "Opium" d’Yves Saint-Laurent…
Le choc pétrolier et la crise économique, après 1974, teinte la période de pessimisme et d’une certaine agressivité, confirmée par l’avènement des yuppies et des working-girls : " Poison " de Dior, " Obsession " de Calvin Klein.

Avec les années 90, la parfumerie est entrée dans l’ère de la mondialisation : 10 groupes, représentant 80 marques, se partagent 60% du marché mondial : Lancaster/Coty qui, en rachetant Unilever, est devenu leader mondial de la parfumerie (avec des marques comme Elizabeth Arden, Cerruti, Calvin Klein, Chopard, Joop...), LVMH (avec Dior, Givenchy, Kenzo, Loewe et surtout Guerlain) et l’Oréal (avec Armani, Cacharel, Lancôme, Lanvin, Ralph Lauren, Paloma Picasso).
Le marketing fait partie intégrante du processus de commercialisation. Avant on ciblait les coeurs, désormais on a des coeurs de cible. Le flacon doit être original et attrayant, la publicité d’une grande qualité artistique et la marque souvent représentée par une star. La distribution d’échantillons, de miniatures et de cartes parfumées font la joie de collectionneurs et retiennent le consommateur. Le parfum est entré dans l’ère du zapping où les créations, parfois très éphémères, prolifèrent pour une consommation de masse et non d'exception. Il n’y a plus de réelle tendance, la grande diversité olfactive permet aux femmes d’adapter leur parfum à leurs envies. Et les flacons... ?
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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 11:22

Metropolitan Museum of Art Costume Institute Gala
New York

This event was created in 1948 by Eleanor Lambert to raise funds and visibility for the Costume Institute of the Met; the focus on fashion has helped it become one of the most exclusive and most photographed in New York. This year it was co-chaired by designer Christopher Bailey, actress Sienna Miller and Vogue Editor In Chief Anna Wintour, and sponsored by Burberry. Held May 1, the gala raised more than $4.5 million.

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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 11:19
Fils d'immigrés marocains, Roschdy Zem prend des cours de théâtre et se passionne pour le football. Si sa première expérience cinématographique remonte à 1987 (une figuration dans Les Keufs), le jeune homme, qui gagne sa vie en vendant des jeans sur les marchés, ne pense pas encore à devenir acteur. Repéré par un assistant de Techiné, il tient des petits rôles dans J'embrasse pas (1991) et Ma saison préférée (1991) et joue épisodiquement sur les planches.

Roschdy Zem a 30 ans lorsque sa carrière prend véritablement son envol, grâce à deux prestations très remarquées, le camé de N'oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois et l'attachant veilleur de nuit d'En avoir ou pas de Laetitia Masson. Le cinéma d'auteur s'entiche alors de ce garçon robuste et plein de sensibilité, qui apparaît chez Chéreau (Ceux qui m'aiment prendront le train), Garrel, et dans nombre de premiers films, comme Louise (take 2) ou ces deux subtiles évocations de la Guerre d'Algérie que sont L'Autre côté de la mer (1997) et Vivre au paradis (1998).

A l'image d'un Sami Bouajila, Roschdy Zem ouvre la voie aux comédiens d'origine arabe en France, en s'illustrant dans des rôles et des films très variés : cinéma social (Sauve-moi ou le plus léger Ma petite entreprise de Jolivet, qui lui vaut une nomination au César du Meilleur second rôle), comédies grand public (Le Raid, Blanche, ou Chouchou dans lequel il campe l'inénarrable Frère Jean), films psychologiques (Betty Fisher, Ordo). Indic dans 36, flic dans Le Petit lieutenant de son vieux complice Beauvois (avec à la clé une nouvelle nomination au César), ce grand acteur de composition, qui apprend l'hébreu pour Va, vis et deviens et prend l'accent serbe pour La Californie, obtient en 2006 à Cannes le Prix d'interprétation masculine, partagé avec ses partenaires, pour Indigènes, film de guerre sur les soldats nord-africains mobilisés en 1943. Cette riche année est aussi marquée par ses débuts de réalisateur avec Mauvaise foi (dont il est aussi l'interprète principal), une comédie sur un couple mixte, elle juive (Cécile de France), lui musulman.
Allo ciné
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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 10:59

Le Bal Des Débutantes
Paris

With 300 guests and 24 international debutantes, Le Bal Des Débutantes takes place each November or December at the Crillon Hotel in Paris. Each deb represents and is dressed by a different fashion house. Last year, they included Rainsford Qualley, Andie MacDowell’s daughter, who wore Gaultier, and Ashley Bush, President Bush’s niece, who wore Ralph Lauren. This year the ball falls on Nov. 25, and as always, admittance is free--but by invitation only, bien sur.

 
A D V E R T I S E M E N T


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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 10:57

Faire comprendre ce qu’a représenté Zidane et son geste lors de la coupe du Monde: spontanément, certes les Français étaient tristes d’avoir perdu la coupe, mais sans même savoir ce qui s’était passé ils ont donné raison à Zidane, ils se sont montré solidaires de l’équipe et de son capitaine. C’était d’autant plus étonnant que le héros de l’histoire paraissait pétrifié, s’enfermait dans son mutisme.

Jacques Chirac, le président, a bien traduit l’esprit des Français en allant le consoler et le remercier dans le vestiaire, en les accueillant tous à l’Elysée. Sur le balcon, face à la foule qui applaudissait et qui criait « Zizou merci, on t’aime », l’équipe a fait une haie d’honneur à son capitaine, toujours muet et honteux. Hier, il a parlé devant les caméras de télévision, il a expliqué ce qui s’était passé. Il a dit « je m’excuse auprès des enfants et des éducateurs parce que ce geste n’est pas tolérable, il donne le mauvais exemple. Mais je ne le regrette pas, parce que regretter c’est dire que l’Italien avait raison, il n’avait pas raison. Je n’attaque personne, je me défends. Il m’avait tenu le maillot, je lui ai dit qu’à la fin du match je le lui donnerais. » A ce propos, il faut se souvenir du geste de Zidane après la victoire contre le Portugal, avec le capitaine de l’équipe adverse, ils ont échangé les maillots, et Zidane a enfilé celui du Portugal et a fait le tour d’honneur sous les couleurs du Portugal.

Une mentalité de grand seigneur, une courtoisie que les Français apprécient. Mais a continué Zidane, l’Italien a commencé à l’insulter, Zidane s’est éloigné et l’autre l’a poursuivi de ces insultes. « Il a dit des choses très dures, contre ma maman, ma soeur, il les a répété trois fois. On ne peut pas laisser passer cela. Je n’ai pas eu un coup de folie, j’étais calme, je devais ne pas tolérer cela. Je le répète mon geste est intolérable et c’était juste de me renvoyer, mais l’Italien est le coupable. Il ne devait pas dire ce qu’il a dit. » Et là, il s’est mis à expliquer ce que représentait l’équipe de France, la conscience qu’ils avaient tous de défendre des valeurs anti-raciste, une France différente, ils menaient ce combat-là et il ajouté : « Ce qui est grave c’est ce qu’a dit le vice-président du sénat italien, ’Nous avons vaincu une équipe de nègres, d’islamistes et de communistes ’, ne croyez vous pas que cela est bien plus grave que mon geste. C’est cela qu’il faut combattre. »

Quand on lui a demandé : « Si vous pouviez repasser le film en arrière, souhaiteriez- vous une autre fin ? » Il a répondu : « Non, cela a été décidé en haut, cela devait être ma fin ! » Il a ajouté « j’ai toujours essayé d’être honnête, je ne suis qu’un être humain avec ses faiblesses ! Je vais commencer une autre vie, loin de la pression, je vais m’occuper de mes enfants, faire un voyage en Kabylie dans le pays de mes parents. » Calme et tranquille, comme ce poème de Joachim du Bellay que répètent tous les enfants français : « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage et puis est revenu plein d’usages et de raison vivre entre ses parents le reste de son âge ».

La manière dont les Français ont approuvé Zidane nous renseigne sur ce que peut être ce pays. Ils ont le goût du panache, du geste gratuit, un peu à la manière dont un de nos rois, François premier écrivait au soir d’une terrible défaite : « Tout est perdu for l’honneur ! » (Tout est perdu sauf l’honneur). Ils ont apprécié que par sentiment humain, un individu renonce à l’apothéose de la gloire, au hochet d’une coupe, pour revendiquer sa simple dignité, celle de sa mère et de sa soeur. Ils ont reproduit à leur profit le geste de Zidane et n’ont même pas tenté de se présenter comme les véritables vainqueurs. Là encore Zidane a été exemplaire : « je ne sais pas si j’étais resté si nous aurions gagné, le tir au but est une loterie, parfois nous en avons bénéficié, cette fois ça a été l’Italie. » Il n’y a pas eu de manifestations contre les Italiens en général, pas de revendication à une victoire volée. Ils étaient comme Zidane, au-dessus de tout cela.

Il reste à expliquer pourquoi le vice président les accuse d’être des communistes. Je connais la famille de Zidane, sa tante, c’est une militante communiste. Les parents sont des ouvriers très simples, le père a souvent signé des appels à voter communiste. Zidane leur a offert une villa, mais la mère a peur pour son enfant, pour tout cet argent, cette publicité et Zidane ne cesse de reconnaître ce qu’il doit à ses racines modestes, celle du grand ensemble où il a grandi, la Castellane, celle de sa famille et de ses origines kabyles, il porte haut une courtoisie, une modestie populaire et la dignité des humbles, c’est celle qu’il a défendues un soir de coupe du monde, pour son dernier match.

La plupart des autres membres de l’équipe appartiennent à ce monde qui fut jadis celui du parti communiste français, de sa présence dans les quartiers populaires, des mairies ouvrières. Ils lui étaient reconnaissant de ses luttes anti-coloniales, et même si aujourd’hui ce parti n’est plus que le souvenir de lui-même, il conserve une image. Mais je crois que le vice-président italien faisait surtout référence à la querelle qui a opposé Lilian Thuram, soutenu par l’équipe à Nicolas Sarkozy. Quand le ministre de l’intérieur à parlé de la racaille des banlieues et des cités, ce qui a déclenché la révolte de l’automne, Lilian Thuram a dénoncé ces propos, une polémique s’en est suivi. Donc cette équipe aux origines populaires est considérée comme étant à gauche, tout en affirmant et revendiquant sa représentation nationale et ayant à ce titre des relations privilégiées avec le Président de la République.

Voilà pourquoi le cirque qu’est la coupe du monde a donné l’occasion à l’insupportable, l’arrogant et râleur peuple français de montrer qu’il vaut mieux que sa réputation.

Merci Zidane.

Danielle Bleitrach, sociologue.


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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 10:43
Longtemps Théodore Chassériau (1819-1856) fut l'un des grands oubliés de l'histoire de la peinture. Célébré de son vivant pour son audace picturale, pour la vivacité de son trait et sa capacité à renouveler les thèmes iconographiques, Chassériau, dès la fin du XIXe siècle, fut pourtant relégué, à tort, dans la catégorie infamante des peintres pompiers.

L'auteur de cette monographie, Christine Peltre, est ainsi confronté à une rude tâche : restituer l'importance de l'œuvre d'un artiste que ces contemporains comparaient à Delacroix. Le texte cohérent et précis retrace donc avec justesse la vie de Chassériau. Mais c'est surtout l'iconographie qui rend cet ouvrage intéressant. Riche de dessins, d'esquisses et même de vues des grandes fresques qu'il réalise pour les institutions, cet album montre la spécificité de ce peintre dans le milieu français de l'époque. Dès lors, on saisit mieux sa fascination pour les motifs exotiques ou même historiques. Ce Théodore Chassériau doit donc être considéré comme une bonne monographie sur ce peintre à découvrir. --Damien Sausset

Book Description
Abordant avec une précocité étonnante les genres du portrait ou de la peinture d'histoire, la gravure, les grands décors pour des édifices civils et religieux, Théodore Chassériau (1819-1856) a laissé une oeuvre dense où triomphent un style, une inspiration immédiatement identifiables, par la nervosité du trait ou les audaces de la couleur. Chassériau, pourtant, reste aujourd'hui un artiste méconnu. Son oeuvre se réduit le plus souvent, dans les histoires de fart, aux mêmes reproductions, celles de La Toilette d'Esther ou du Tepidarium. Quant à l'image du peintre, elle est encore dessinée par le jugement du XIXe siècle : élève prodige dans l'atelier d'Ingres - qui pressentait en lui le « Napoléon de la peinture » -, Chassériau aurait rejoint Delacroix que, selon Baudelaire et d'autres après lui, il « cherche à détrousser » dès 1845.

L'ouvrage de Christine Peltre tente de redéployer dans une abondante iconographie la richesse de Chassériau et, à la lumière des recherches récentes, s'attache à renouveler son approche - la dernière étude complète consacrée à l'artiste date de 1974.

Personnalité du « Paris moderne », celui de Tocqueville ou de la comtesse d’Agoult, le peintre souhaite « rajeunir » l'histoire du monde, et l'on peut dans certaines scènes retrouver les accents des conférences de Lacordaire, dont il a fait le portrait en 1840. Amant de l'actrice Alice Ozy, ami de la tragédienne Rachel, Chassériau s'exprime dans sa peinture en homme de théâtre et il donne de Shakespeare une vision personnelle et inspirée. Dans l'exotisme enfin, avant comme après le voyage d'Algérie en 1846, il trouve des possibilités d'expression nouvelle en mêlant Orient et Occident : de certains panneaux du décor de la Cour des comptes ou des scènes de baptême de l'église Saint-Roch, on peut dire, avec Théophile Gautier, qu'ils sont d'« un Indien qui a fait ses études en Grèce ».

Les dessins, riches de nombreuses annotations, retracent le cheminement des oeuvres et la complexité d'une inspiration avide de liberté qui, loin d'être bridée par l'encombrant parrainage de deux maîtres, a sans cesse recherché des voies : nouvelles, comme en témoigne symboliquement, peu avant la mort de l'artiste, la jeunesse ardente de La Défense des Gaules (1855).
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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 10:38

A chacun son protocole

Un protocole est défini comme un ensemble de dispositions, d’usages que l’on doit respecter. Ce mot provient du grec prôtokollon qui est un terme composé à partir des mots prôtos (premier) et kolla (colle). Ce qui renvoie au premier feuillet que les Grecs et Latins collaient sur des lettres. Le protocole, ce sont aujourd’hui les règles à observer en matière d’étiquette, de préséance, dans les cérémonies et les relations officielles. Toutes les monarchies, les républiques, les organisations et institutions internationales (il y a un chef du protocole à l’ONU, à l’UNESCO...) emploient des chefs de protocole pour assurer ces usages et pratiques.

Voici des exemples de protocole dans trois démocraties européennes dont on conclut, à examiner les similitudes et les différences avec le protocole royal marocain, qu’ils ne sont finalement ni moins compliqués, ni moins exigeants que ce dernier...

Le protocole belge

Le Roi est assisté d’un groupe de collaborateurs qui lui permettent d’accomplir tous les aspects de sa fonction publique en tant que Chef de l’Etat. La Maison du Roi se compose ainsi de quatre départements autonomes, chacun sous la direction d’un haut dignitaire. Chaque haut dignitaire assume la direction de son département et en répond devant le Roi. La coordination se fait par des réunions régulières des hauts dignitaires concernés. Le département du grand maréchal de la Cour a la charge de régler toutes les activités publiques du Roi et de la Reine en Belgique et à l’étranger. Le grand maréchal leur propose un programme qui, après approbation, est mis en oeuvre. Il assure aussi la coordination entre les différentes Maisons et Services. Il est assisté de plusieurs collaborateurs. Le chef du protocole, chargé du bon déroulement des audiences, des réceptions et des repas officiels au Palais, ainsi que des activités à caractère formel à l’extérieur. Le commandant des Palais, principalement en charge de l’appui logistique des activités (personnel, transport...), ainsi que de la maintenance et de l’entretien des Palais. A ce titre, il organise le travail du personnel et travaille aussi en étroite collaboration avec l’intendant de la liste civile. Un conseiller qui informe le Roi et prépare ses activités dans les domaines économique, social et autres ; Le secrétaire de la Reine, chargé de proposer et de préparer les audiences et visites de la Reine et de diriger son secrétariat social, ainsi que du secteur culturel (également pour le Roi). Le chef de Cabinet du Roi est chargé des problèmes politiques et administratifs et de la liaison avec le gouvernement et le monde politique. Il assiste le Roi dans le suivi de l’actualité politique. Le chef de Cabinet suit quotidiennement la vie politique nationale pour en informer le Roi. Il propose et prépare les audiences politiques du Roi. Il assiste le Roi dans les préparations des discours. Il informe également le Roi sur l’évolution de la politique internationale.

Le protocole français

Le protocole prépare et suit les déplacements à l’étranger du Président de la République ainsi que les sommets bilatéraux ou multilatéraux auxquels le Président participe. Il organise également les déplacements des Chefs d’Etat, de gouvernement et des hautes personnalités en visite en France, ainsi que les commémorations nationales, la présentation des voeux, les remises des lettres de créance et toutes les manifestations et réceptions officielles dont la tenue est décidée par le Président de la République. Il répond aux questions relatives à l’étiquette et aux préséances. Sous l’autorité du chef du Protocole, il est composé des diplomates mis à la disposition de la présidence de la République pour assurer ces missions :
-  Le commandement militaire qui assure des missions de sécurité et de service indispensables au bon fonctionnement de la présidence de la République.
-  Le service financier et du personnel
-  Le service des télécommunications et de l’informatique
-  Le service des archives et de l’information documentaire
-  Le service de la correspondance présidentielle
-  Le service des décorations
-  Le service de l’administration et de la conservation des résidences présidentielles
-  Le service médical
-  Le service audiovisuel (créé en 1984, le service audiovisuel est chargé de constituer des archives audiovisuelles sur support magnétique et audio...)
-  Le groupe de sécurité de la présidence de la République (G.S.P.R.)
-  Le service de protection des hautes personnalités (SPHP)...

Le protocole de la Reine d’Angleterre

Quoique appelée couramment Élisabeth II ou reine d’Angleterre, son vrai titre principal est « reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, de ses autres Royaumes et Territoires, Chef du Common-wealth, Défenseur de la foi ». Élisabeth II a un titre différent pour chacun des États dont elle est la souveraine. Élisabeth II est extrêmement formelle et suit le protocole royal qui est très strict. Bien que certaines des règles traditionnelles aient été allégées pendant son règne (s’incliner n’est plus exigé, par exemple), d’autres formes d’action réciproques personnelles, comme l’attouchement, sont toujours déconseillées. En 1992, Paul Keatng, le Premier ministre de l’Australie a été surnommé le « Lézard d’Oz » par la presse britannique pour avoir touché la Reine sur le revers. Et en 2000, son successeur, John Howard a dû réfuter la rumeur qu’il aurait touché la Reine. Un scandale semblable s’est produit quand le Premier ministre de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, Brian Tobin, a été pris en photos en train de toucher le dos de la Reine pour l’accompagner en haut d’un escalier ; il a protesté qu’il essayait simplement d’aider une dame assez âgée à éviter de tomber. Le 14 octobre 2002, un ex-coureur cycliste et homme d’affaires québécois, Louis Garneau, a mis sa main sur l’épaule de la Reine, ce qui a fait grand bruit dans les média britanniques. De même, les tabloïds britanniques ont critiqué Jacques Chirac, photos à l’appui, qui aurait, lors de la visite d’État de la Reine en France, en 2004, pour la célébration du centenaire de l’Entente Cordiale, touché Sa Majesté en lui indiquant une direction. Ses anciens Premiers Ministres parlent avec respect d’elle. Depuis qu’elle a été préparée pour le rôle de souverain, elle passe en moyenne trois heures chaque jour pour « l’action des boîtes », du nom des boîtes rouges contenant les dossiers : elle lit les informations et courriers en provenance des administrations publiques, ambassades, etc. Elle a ainsi eu connaissance depuis 1952 de plus d’affaires publiques que la plupart des membres du personnel politique britannique.

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9 décembre 2006 6 09 /12 /décembre /2006 08:13
Destin exceptionnel pour celle que ses amis appellent affectueusement Cize, aujourd'hui l'une des voix noires les plus célèbres au monde.

Cesaria est née le 27 août 1941 à Mindelo, petite ville commerçante de Sao Vicente, l'une des îles du Cap-Vert. Sa mère alors cuisinière dans une "misère digne" guide ses premiers pas sur les chemins de l'existence. A l'âge de sept ans, son pèremusicien violoniste disparaît prématurément, sans doute terrassé par l'alcool, dira t'elle plus tard. Sa mère la confie aux bons soins d'un orphelinat, où Cesaria apprend à chanter dans une chorale qu'elle quitte à l'âge de 13 ans. Trois ans plus tard, elle fait la rencontre d'Eduardo son premier grand amour, un marin qui après Gregorio Gonsalves, lui apprend l'art précieux de l'interprétation des coladeras et des mornas anciennes. C'est à cette époque qu'elle entreprend la "tournée" des bars de la ville, au fameux Calypso, et café royal de l'avenue de Lisbonne.

Adolescente, elle prend conscience de la mesure de son immense talent d'interprète pour quelques escudos et verres d'alcool que très vite, elle agrémente d'un flot de fumée opaque que distillent les cigarettes du pays. Cize peaufine son art ! Dans la rue, elle côtoie les musiciens de son quartier, elle prend goût à la vie d'artiste.

A l'époque, le Cap-Vert est encore une colonie portugaise, l'archipel tout entier vibre à l'unisson au rythme des coladeras et des mornas, une sorte de "blues national", héritage et résonance plaintive de l'esclavage subi jusqu'au 18e siècle par les ancêtres de Cesaria.

Signe du destin, la "petite" a de qui tenir, un immense poète, le plus grand compositeur de mornas est le cousin direct de son père, Francisco Da Cruz (1905-1958), dit B.Leza. Il confère ses lettres de noblesse à ce genre dont le nom proviendrait du verbe anglais "to mourn" signifiant pleurer.

Sodade

En 1973, deux ans avant l'indépendance de la plupart des pays lusophones d'Afrique, le Cap-Vert perd son héros national, Amilcar Cabral, révolutionnaire assassiné et auteur de mornas lui aussi. Dans l'archipel, Cize a définitivement conquit le cœur du public. Elle poursuit la tournée des pianos-bars et grâce à la radio, quelques 45 tours enregistrés, son charisme rayonne dans tout le pays. Pourtant malgré la reconnaissance de son talent, la générosité guindée des gens de la "haute société", la pauvreté et l'alcool demeurent ses plus fidèles compagnons d'infortune. Elle chante la souffrance, la tristesse et la mélancolie d'un pays rude fait de plages, de sel et d'exil. 500.000 âmes, soit plus de la moitié de sa population vit à l'étranger et notamment au Portugal où son destin bascule quelques années plus tard. Une terre hostile que même les sécheresses n'épargnent pas. Cesaria découragée par la vie dure d'artiste, décide de mettre un terme à sa carrière. Elle "décroche" pendant près de 10 années, sombres, où elle rumine amèrement le tourbillon de ses tourments d'amour avec les hommes. Cesaria a le spleen, la "sodade", cette nostalgie qu'elle murmure sur des mélodies langoureuses qui chantent la tristesse et l'exil. L'alcool devient alors pour elle l'alliée, complice d'une vie vouée à une tragique destinée. Il en sera tout autre.

En 1985, avec le soutien de Bana, le parrain des musiques capverdiennes exilé au Portugal, une association de femmes invite Cesaria à Lisbonne pour une série de concerts, et pour l'enregistrement d'un premier album qui restera confidentiel. C'est là-bas qu'elle rencontre José Da Silva, celui qui deviendra bientôt son mentor et producteur attitré.

Ce dernier, jeune Français d'origine capverdienne, ancien aiguilleur de la SNCF, convainc la chanteuse d'enregistrer à Paris en 1988, un nouvel album aux parfums de coladera-zouk, "La diva aux pieds nus", suivi très vite d'un premier concert au New Morning à Paris. Après la sortie de "Distino Di Belita" en 1990 comprenant des mornas acoustiques et des coladeras électriques. Ces deux albums tranchent par l'originalité et la modernité des arrangements qui confèrent aux musiques capverdiennes une réelle impulsion, et notamment auprès de la jeunesse d'une diaspora dense, établie aux quatre coins du globe. Celle-ci succombe au charme des réalisations majoritairement dues à Paulino Vieira compositeur hors pair, son directeur artistique.

La Chanteuse aux pieds nus


Puis Cesaria change de cap artistique et enregistre son premier album strictement acoustique. "Mar azul" sort en 1991 et conforte auprès de la presse internationale le prestige d'une interprète rare qui "chante pieds nus". Avec "Miss Perfumado" (300.000 exemplaires vendus), Cize remplit l'Olympia et entame sa première grande tournée internationale en 1993.

L'année suivante marque un grand tournant dans sa carrière, elle signe dans une major, chez BMG une compilation intitulée "Sodade, les plus belles mornas de Cesaria", et décide de ne plus boire d'alcool !

Grâce à l'album "Cesaria" (disque d'or en France), l'impératrice des musiques cap-verdiennes est nominée aux Grammy Awards (récompenses américaines), puis effectue sa première tournée américaine en 1995. L'année suivante, elle sillonne le monde entier avec une centaine de dates en Europe, Asie et Afrique, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Hong Kong, Suède, Sénégal...

Elle se sépare de Paulino Vieira que remplace un jeune guitariste, Rufino Almeida alias Bau. En 1997, sort l'album "Cabo Verde" suivie d'une troisième tournée américaine. L'année suivante, c'est "Best of Cesaria Evora" que l'on retrouve dans les bacs des disquaires permettant de redécouvrir ses plus grands succès majoritairement composés par B.Leza qui propulsa la morna au cœur des années 50.

Voyage à La Havane


Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, Cesaria sort en 1999 un nouvel album "Café Atlantico". Cette fois-ci, Cize choisit d'inviter des musiciens cubains et brésiliens, sans trahir le goût des mélomanes pour la tradition. Elle puise encore dans le répertoire de ses compositeurs fétiches qui côtoient de nouvelles grosses pointures musicales. Aux côtés de B.Leza, Manuel de Novas, Teofilo Chantre, elle propose des titres arrangés par Lazaro Dagoberto Gonzalez de l'Orquesta Aragon, et par le Brésilien Jacques Morelenbaum, ancien comparse de Caetano Veloso. C'est à la Havane à Cuba, qu'elle enregistre cet album dont les résonances profondes trouvent écho dans l'histoire de l'empire colonial portugais.

Ce dernier album vient couronner la décennie 90, qui révéla au monde la morna séculaire du Cap-Vert, par la grâce et la voix d'une anti-star, fan de Billie Holiday, Oum Kalsoum ou d'Edith piaf, célébrée par Madonna, la star grecque Eleftheria Arvanitaki, et la diva soul Erika Badu. Du 7 au 10 décembre 99, Cesaria est de retour sur la scène de l'Olympia pour une nouvelle série de concerts qui met un terme à une tournée d'automne.

Chez elle à Mindelo, Cesaria a bâti une colossale demeure, une sorte de "maison du bonheur" dans laquelle elle reçoit les siens autour d'un bon catchupa, le plat traditionnel du pays. Depuis que la gloire à croisé son destin, Cize a de l'argent qu'elle distribue à ses petits-enfants, ses amis, ses voisins, sans crainte des mauvais lendemains.

Au printemps 2000, alors que son album "Café Atlantico" atteint les 150.000 exemplaires vendus, la chanteuse capverdienne s'envole pour une tournée internationale de grande ampleur. L'Amérique latine, l'Europe du Nord, de l'est, le Moyen-Orient, les Etats-Unis, le Canada, peu de monde échappera à la voix désormais célèbre de Cesaria.

60 ans et toujours infatigable


On comptabilise quelques 300.000 exemplaires de "Cafe Atlantico" vendus en France au début de l'année suivante. De retour de tournée, elle commence à écrire à Paris de nouveaux titres avec ses musiciens. Ils travaillent sur un nouvel album qui sort en mars 2001 et qui s'intitule "Sao Vicente di longe", du nom de l'île qui a vu naître Cesaria. Continuant ce qu'elle a entrepris dans le précédent album, elle continue son évocation de la musique d'outre-Atlantique. Elle s'est rendue à Cuba pour enregistrer avec l'ensemble Orquesta Aragon un bolero-danzon "Linda Mimosa" et avec Chucho Valdez, un morceau intitulé "Negue". La destination suivante etait Rio de Janeiro où elle a interprété avec le très populaire Caetano Veloso "Regresso". En tout, ce sont environ soixante musiciens, arrangeurs et ingénieurs du son qui auront travailler pour la "Diva au pieds nus".

On la retrouve en France un mois plus tard, au Zénith de Paris le 28 avril 2001 face à une salle comble et avec quelques invités dont Teofilo Chantre, la chanteuse Fantcha ou le clarinettiste Luis Morais, tous capverdiens. Quelques jours plus tard, le 9 mai, elle démarre une tournée française de quelques dates, puis une tournée internationale. Son album est un succès avec, fin 2001, 150.000 ventes en France et 320.000 en Amérique latine et aux Etats-Unis.

Au printemps 2002, la chanteuse continue sa tournée marathon via la France mais aussi l'Europe de l'Est (Croatie, Ukraine, Russie, Pologne) puis l'Islande, le Maroc, la Grèce, l'Italie, la Suisse et l'Allemagne, toutes ces dates la menant aux festivals d'été.

Cesaria marque son attachement aux musiques africaines en participant à l’album de Salif Keita, "Moffou": ils chantent ensemble le splendide "Yamore". Enfin, "Anthologie : Mornas e Coladeras" clôt l’année 2002 avec des titres inédits comme cette reprise de "Saudade" en duo avec Bonga.

2003 : "Voz d'amor"


L’année 2003 commence sous le signe de la solidarité : Cesaria participe au disque "Drop the debt", qui mobilise les artistes pour l’annulation de la dette des pays en développement.

Juin 2003, "Club Sodade" pousse Cesaria dans les clubs et les bars branchés: onze titres de son répertoire son remixés par des DJs fameux – Château Flight, Senor Coconut, Carl Craig etc .

En juillet, elle est nommée à Lisbonne, ambassadrice du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Enfermée pendant un mois et demi dans une villa de Montreuil en banlieue parisienne, Cesaria Evora enregistre son neuvième album studio, "Voz d’ Amor": une dizaine de chansons du répertoire traditionnel capverdien, dont les chansons de son oncle B Leza ou de Manuel de Novas. Et ça marche : en novembre 2003, "Voce d'amor" est placé n°3 en Pologne, n°7 en Grèce, n°22 au Portugal, etc. et n°4 du Top World Music américain. En février 2004, l’album remporte un Grammy Award aux Etats-Unis puis une Victoire de la Musique en France. Pour couronner son succès, le ministre de la Culture français Jean-Jacques Aillagon la fait officier des Arts et des Lettres.

A soixante ans passés, Césaria ne s’arrête pas en si bon chemin: sa tournée 2004 passe par toutes les capitales d’Europe – dont un concert humanitaire à Paris le 19 octobre pour Homéopathes sans frontières -, mais aussi en Tunisie etc.

Jamais à court de collaborations, "Elle chante" est le titre du duo enregistré avec le français Bernard Lavilliers sur le dernier album de celui-ci, "Carnets de bord".

Infatigablement, la chanteuse capverdienne continue à parcourir le monde, ambassadrice hors pair d'une musique devenue célèbre grâce à elle.

2006 : "Rogamar"


En 2005, elle enregistre entre Mindelo, Paris et Rio de Janeiro un nouvel album. "Rogamar" sort en mars 2006. Il est réalisé par Fernando Andrade, son fidèle pianiste depuis 1999. Par ailleurs, le Brésilien Jacques Morelenbaum arrange une demi-douzaine de titres sur l'ensemble des quinze chansons que constituent cet album. Grâce à lui, cordes et flûtes viennent apporter leur contribution à la sodade de Cesaria. La plupart des compositions sont signés Manuel de Novas et Theofilo Chantre. Les textes évoquent toujours les thèmes éternels que sont la mer, le Carnaval, l'exil, etc. Des invités prestigieux comme le sénégalais Ismael Lô ("Africa Nossa") ou le Malgache Régis Gizavo ("Sao tomé na equador", sur une musique originale de Ray Lema) rappellent les liens du Cap-Vert avec le Continent noir. Le chanteur français Cali, est lui aussi convié sur cet album et vient poser sa voix sur "Um pincelada".

Du 11 mars au 13 avril 2006, Cesaria Evora entreprend une tournée en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) qui se poursuit en Europe et au Maghreb.
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30 novembre 2006 4 30 /11 /novembre /2006 12:15
LA CITE DE LA JOIE

"En vingt-cinq ans, nous avons sauvé 9.000 enfants lépreux, guéri un million de tuberculeux, ouverts 540 puits d'eau potable, transformé quatre vieux ferries en bateaux-hôpitaux qui portent secours au million d'habitants de 54 îles du delta du Gange qui n'existent pas sur les cartes du monde".


J'ai compris que j'avais le devoir d'être la voix de ces hommes sans voix, de raconter leur histoire".

Le grand poète indien écrivait: "l'adversité est grande mais l'homme est plus grand que l'adversité".


La particularité de l'Inde est  "le sourire. On trouve la pire pauvreté, mais aussi la plus grande beauté".

Dominique LAPIERRE
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27 novembre 2006 1 27 /11 /novembre /2006 08:39
Christophe de Ponfilly (né le 5 janvier 1951 et décédé le 16 mai 2006), était un auteur, réalisateur, producteur et journaliste français. Il est également le co-fondateur (avec Frédéric Laffont) de l'agence de presse Interscoop et de la société de production Albert Films.

Il a réalisé plus d'une quarantaine de reportages et de documentaires, dont plusieurs sur l'Afghanistan et le commandant Massoud. Il est également l'auteur de nombreux ouvrages comme Massoud l'Afghan (1998) ou Scoops (2002).

Christophe de Ponfilly venait de réaliser son premier film de fiction pour le cinéma, "L'étoile du soldat", tourné en Afghanistan et relatant les aventures d'un jeune soldat russe contraint d'effectuer son service militaire en Afghanistan. Il est fait prisonnier et découvre le véritable visage de ceux qu'il est censé combattre. Ce film devrait sortir en France en automne 2006, mais le livre associé au film vient de paraître (Editions Albin Michel).

Auteur des livres :
« Lettre ouverte à Joseph Kessel sur l'Afghanistan » (document) Editions Bibilophane
« Massoud, l’Afghan » (document) Arte Editions et Editions du Félin
«Le clandestin» (document) Éditions Laffont
«Les gobeurs de lunes» (roman) Éditions Laffont, réédité sous le titre "Scoops" aux Editions du félin
«Poussières de guerre» (document) Éditions Laffont
«Vies clandestines» (document) Éditions Florent Massot - Prix littéraire des DROITS DE L'HOMME 2001
« Chemins d'orient»
« Femme en Asie Centrale»
« Scoops»
« L'étoile du soldat»

Auteur et réalisateur de nombreux documentaires diffusés mondialement parmi lesquels :

GIGN, le temps des secrets (France)
-
Randonnée en Corse ( Corse)
-
Massoud et la délégation de l'espoir (Afghanistan, France)
-
À la mémoire de Massoud (Afghanistan)
-
Mariages et contes de fées (France)
-
Vies clandestines, nos années afghanes (France, Afghanistan)
-
Chronique d'une petite ville russe en hiver (Russie)
-
Paris by night (France)
de la collection «Aux p'tits bonheurs, la France»
-
Monsieur le Rabbin (France)
de la collection «Aux p'tits bonheurs, la France»
Prix spécial du jury au festival du scoop et du journalisme d’Angers (1999)
-
Massoud, l’Afghan (Afghanistan)
Prix spécial du jury au 14ème festival Mondial de Télévision du Japon.(2000)
Prix Planète, prix spécial du jury et Prix Jury Jeunes au F.I.G.R.A.(1998)
Prix du Festival dei Popoli (Florence) "meilleur documentaire 98”
Grand Prix du festival Montagne et Aventure d'Autrans (2001)
-
Et vive l’école ! (France)
de la collection «Aux p'tits bonheurs, la France»
-
Les grandes batailles de Monsieur le Maire (France)
de la collection «Aux p'tits bonheurs, la France»
-
La Jeanne s’en va-t-en mer (France)
-
A nos profs bien aimés (France)
-
L’Ombre blanche au pays des Papous (Indonésie)
-
Les derniers Pirates (Caraïbes)
-
Les Plumes font leur CirQue (France)
dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
Prix du C.F.A. "meilleur documentaire de l'année”
-
Naître, des histoires banales mais belles (France)
dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
Prix Planète Câble décerné par le public et prix spécial du jury au F.I.G.R.A. (1994)
-
Do ré mi fa sol la si do, les Kummer (Suisse)
dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
Prix UNESCO, Festival international du film d’art 1994
-
Kaboul au bout du monde (Afghanistan)
dans la collection «Du côté de Zanzi Bar»
Prix spécial du jury à La Nuit des Yeux d’Or de Reuil Malmaison 1994
-
Chroniques des hautes plateaux (Suisse)
dans la collection «Zanzi Bar»
-
Télé-Radio-Magie (Burkina Faso)
dans la collection «Zanzi Bar»
Prix UNESCO, Festival des programmes africains de Nairobi 1994
-
Par un bel été russe (URSS)
dans la collection «Zanzi Bar»
-
W Street (USA)
dans la collection «Zanzi Bar»
Prix du meilleur documentaire 1992 aux Rencontres Européennes de Télévision de Reims (1992)
-
Nos enfants de la patrie (France)
-
A coeur, à corps, à cris -3 x 52 minutes- (12 pays)
Prix Unda au Festival International de Monte-Carlo, 1992
-
Poussières de Guerre -2 x 52 minutes- (Afghanistan, URSS)
Grand Prix du Festival international de journalisme d'Angers 1990
Aigle d'or du Festival international d'histoire de Rueil-Malmaison 1990
-
Autofolies (France)
Mention au Festival Europa 1991
-
Joseph Brodsky (USA et URSS)
-
Antoine Blondin (France)
dans la collection "Un siècle d'écrivains"
-
Massoud, portrait d'un chef afghan (Afghanistan)
-
Haute tension (Afrique du sud)
-
Une autre façon d'être blanc (Zimbabwé)
-
Les damnés de l'URSS et Soldats perdus (Afghanistan, Canada)
Prix du meilleur film humanitaire 1987, Festival du grand reportage de La Ciotat
-
Edmund ou la vie de château (France)
-
Les combattants de l'insolence (Afghanistan)
Prix Albert Londres 1985
-
Une révolution camouflée (Tigré)
-
Les rebelles de la brousse (Angola)
-
Une vallée contre un empire (Afghanistan)
Prix international ONDAS 1983
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