par Peter Griffiths
LONDRES (Reuters) - Dernier survivant des grands clippers du XIXe siècle, le "Cutty Sark", en cale sèche sur les bords de la Tamise à Greenwich, dans le Grand Londres, a été très gravement endommagé par un violent incendie.
Il a fallu une quarantaine de pompiers pour circonscrire le feu, qui a dégagé une épaisse fumée noire sur le quartier très touristique de Greenwich, tout à la gloire de l'histoire maritime britannique.
Personne n'a été blessé dans l'incendie et la police affirme n'avoir aucun élément accréditant une hypothèse criminelle. Un appel a témoin a été lancé. La police vérifiait par ailleurs les caméras de sécurité.
Monument emblématique de la capitale, le trois-mâts, qui se visite depuis 50 ans, apparaissait calciné sur certaines images aériennes filmées par la télévision. Ne subsistait en certains endroits que sa structure métallique, son pont ayant vraisemblablement brûlé en totalité.
"C'est dramatique. Il était la Ferrari des mers", a déclaré sur la BBC Paddy Pugh, responsable d'English Heritage, l'organisme chargé de la préservation des monuments historiques. "C'était une des icônes de Londres."
Construit par la société Scott & Linton et lancé sur les flots en 1869 sur la Clyde, en Ecosse, le "Cutty Sark" était initialement destiné au commerce du thé avec la Chine.
Le clipper faisait l'objet d'un programme de restauration de 25 millions de livres (36,5 millions d'euros).
"TRÉSOR NATIONAL"
La Cutty Sark Trust, fondation chargée de superviser ces travaux, a précisé qu'elle évaluait les dommages, mais d'ores et déjà promis de reconstruire le navire.
"La vieille fille a plus que jamais besoin d'aide", a déclaré lors d'une conférence de presse Chris Livett, membre de la fondation.
"Elle est un trésor national. Grâce à l'aide du public, je suis convaincu qu'on pourra la restaurer et la rouvrir aux visiteurs".
Fort heureusement, la moitié des pièces de bois du navire étaient en rénovation en dehors du bateau au moment de l'incendie. C'est notamment le cas de ses mâts et de sa barre.
Les clippers étaient des voiliers élancés qui pouvaient faire la fortune de leurs armateurs s'ils rentraient en Angleterre les premiers. Les premières cargaisons de thé de la saison pouvaient ainsi être vendues au prix fort.
Pendant une vingtaine d'années, chaque hiver, des clippers cinglaient vers un port d'Orient.
Ils mettaient ensuite le cap sur la Chine, bourraient leurs cales des premières récoltes de thé, et participaient au retour à une course d'une centaine de jours vers l'Angleterre, en ayant doublé le Cap de Bonne espérance.